Ever Nice était un cheval que je connaissais un peu, pour l'avoir de nombreuses fois rencontré aux écuries, je ne l'avais pourtant jamais monté. Néanmoins, il y a un début à tout et je l'avais pour mon passage en deuxième année. Je savais que ça faisait un moment qu'elle était « abandonnée » au pré du domaine car personne ne l'avait eu et je craignais que, dans ces conditions, la brune n'ait repris ses mauvaises habitudes car il n'y avait eu personne pour la travailler. En plus, comme personne ne l'avait en demi pension, c'était encore pire. Je comptais sur les gens de l'académie pour la remettre en douceur au travail mais je crois que personne ne l'a fait et moi, avec Dancer cette semaine, il m'avait bouffé tout mon temps libre. Aujourd'hui, c'était épreuve de dressage et je ne comptais pas la loupée ! J'avais donc fixé un rendez-vous avec Elena ce matin à 10h au manège, afin qu'elle puisse m'évaluer et voir ce que je pouvais faire avec elle. J'arrivais donc à 8h aux écuries pour préparer la belle. Je passais l'étrille, la brosse dure et la douce. Sans oublier le cure pied, l'époussette, l'éponge et un linge doux et propre. Enfin, je l'a sellais et me dirigeais au manège. Les deux directrices arrivèrent à l'heure pile poil en même temps que moi. Ever m'observait comme si elle avait peur de moi. Ou peut être me prenait t-elle pour un être inférieur venue de la planète Mars, mais je crois que c'était tout simplement parce qu'elle n'était jamais venue ici. *Mais si, les autres ont forcément dû le monter ici un jour où l'autre ! * m'efforçais je à penser. Je souris finalement devant l'attitude de la jeune jument, et la laissais entrer avant que les directrices n'aient refermée la porte. Le grincement fit tressaillir Ever, mais je l'ignorais royalement et me préparais tranquillement à me mettre en selle, ajustant les étriers et resserrant ma sangle. Je m'installais ensuite sur le dos de ma jument, et je lui lançais un "Bon, je compte sur toi ! " et je mis alors ma monture en marche d'une pression de jambes et le dirigeais enfin sur la piste afin de commencer la détente.
Détente :
La veille et l'avant-veille, il avait neigé à intervalle régulier, de sorte que le sol soit juste blanc, mais avec très peu d'épaisseur, et maintenant que les précipitations avaient cessées, quelques trous de verdure se voyaient ça et la sur les côtés du chemin qui menait au manège. Ever sur mes talons, avec son couvre-rein rouge bordeaux car il faisait très froid, je m'y dirigeais avec entrain et motivation. Je ne l'avais jamais montée pour l'instant mais j'espérais que tout ce passerait bien. J'arrêtais ma petite alezan au centre du manège, et je la ressanglais doucement. Elle coucha ses oreilles et menaça une fois de mordre, mais ne désapprouvait pas d'avantage, donc je l'a caressais. Elle avait l'air toute excitée, peut être à cause du froid, je devrais surement la contenir une fois lancée. Je grimpa donc à la force de mes jambes, sans enlever au préalable le couvre-rein qui pourrait être fort utile, au moins le temps de l'échauffement. Une pression de mollets, et c'était partit. Elle pinçait son mors, mais n'était pas réveillée pour autant, à mon grand étonnement, bien que de mauvaise humeur. J'avais intérêt à la réveiller maintenant, sinon je risquais fort de me faire surprendre par de soudaines cabrioles... Mon expérience passée sur d'autres chevaux me l'a bien appris ! J'alternais ma demande pour la motiver un peu, et je demandais des figures de manèges de bases, comme à mon habitude. Je la plaçais sur un cercle petit pour le plier, je tournais, faisai des diagonales, serpentines... Il lui avait fallu au moins cinq bonnes minutes avant de se motiver enfin et d'accéléré le pas à ma demande, mais le résultat était là, et bientôt, le cheval adoptait exactement la bonne attitude, quasiment sur la main. Mais il est encore stresser dans les rênes, car mes mains étaient trop fermes, comme on me l'avait expliqué dans un cours collectif il y a quelques années. C'est un point essentiel à travailler si je voulais obtenir quelque chose de mes chevaux, car, aujourd'hui en plus, je n'ai pas le droit à l'erreur ! Ever est certes gentille, mais exigence, et elle ne supportait sans doute pas ma tension excessive des rênes. Je jouais alors dans mes doigts doucement, et passais au trot dans le même temps. C'était repartit pour le même genre de figures, et de temps en temps, je faisais des transitions très bien effectués. A force de pianoter, je sentais que la jument se détendait un peu et, tout en restant concentré sur mes demandes, il tournait régulièrement une oreille vers moi, curieux.
Au bout de dix bonnes minutes, je la repassais au pas rênes longues quelques instants en la caressant. Elle transpirait sur son encolure et son souffle était assez fort. Décidément, la reprise du travail est dur pour elle, mais d'ici encore quelque séances d'entrainement, elle retrouvera toutes ses aptitudes à l'effort. Ce n'était qu'une question de reprendre le rythme. Après cette brève pause, je me met sur la piste au trot assis, main gauche. Dans un tournant, je plaçais mes aides pour le galop et c'était partit. Elle baissa la tête au démarrage pour m'arracher mes rênes à cause de mes mains encore trop durs, mais à part ça, tout est bien, l'allure facile à réguler, légère, j'ai l'impression de m'envoler à chaque foulée. Je me concentrais sur mes mains pour tenter de les adoucir sans grand succès, puis après quelques tours et quelques cercles, je repassais au petit trot pour changer de main après un doublet. Je redemandais pour le galop à droite, le démarrage était parfait, la welch ne baissa pas la tête. Par contre, je la sentais monter en puissance sous moi. Elle accélèrait l'allure sans prévenir, comme si le froid lui courrait après les fesses ! Décidément, Ever n'était pas une jument super facile et moi, je me sentais mauvaise cavalière sur son dos. Mais il fallait persévérer. Avec mes deux mains, je l'emmenais sur un cercle, et fais trois tour jusqu'à ce qu'elle ralentisse. Une fois calmée, je reprennais mes tours sereinement.
Parcours
La pression montait d'un cran lorsque je dus partir. Et Meet me Halfway, des Black Eyes Peas démarrait. J'avais choisi quelque chose de jeune, que j'aimais bien et qui avait un bon rythme, mais je l'avais surtout choisie car on pouvait facilement s'y repérer et ça me sera très utile. Pour une fois, je n'avais pas oublié ma montre même si, grâce à la musique, je n'en aurais pas vraiment besoin.
Je pris une grande bouffée d'air frais d'Islande. Je fis partir Ever dans un petit trot. Elle s'exécuta au quart de tour et vint se mettre sur la main. Maintenant qu'on se faisait confiance j'étais plus concentrée sur le parcours. Je préparais déjà mon entrée en trot assis en A. Je me redressais d'un coup et fis tourner la jument pour partir dans un bon trot assis bien dynamique. En m'aidant de mes deux mains je réussis à m'arrêter en X et saluer correctement. J'aimais bien ma nouvelle tenue d'équitation d'ailleurs. Sobre, elle faisait de moi une vraie cavalière. Mais bon, on est pas là pour parler mode je suppose ! Bref, afin de garder Ever bien dans la ligne, je la fis ralentir et allongeais le pas doucement. Arrivée en C, on prit le trot à main droite pour faire un cercle en B. Arrivées à la lettre, je fis tourner Ever à deux mains en l'incurvant bien avec sa jambe intérieure. J'essayais de décontracter Ever. Je relâchais un peu mes doigts. Je pensais que la détente avant le début du parcours aurait suffit. Apparemment non. Finalement, on finit le cercle comme on pouvait. Bon, il était un peu raté mais je n'en voulais pas à la jument. C'était bel et bien ma faute ! Je restais concentrée sur le reste du parcours. Toujours dans un bon trot, j'arrivais en A où je doublais pour faire ma cession à la jambe en E. Je me redressais et rassemblait l'allure de l'alezane et reculais ma jambe. La maligne commençait à accélérer mais je la gardais dans les mains et demandais la cession. La ponette se calma et finit la cession gentiment. Sans crainte, j'arrivais en E et repassais enfin au pas en me grandissant et en effectuant une pression sur les rênes. Je venais de dépasser le S quand je me préparais pour le galop en H. J'arrivais donc à la lettre, décontractée. Je lui fis prendre le galop et Ever fit ce que je lui demandais directement. On était dans un petit galop superbe et j'aurais aimé pouvoir faire ça à d'autres chevaux qui n'avaient pas les mêmes facilitées. Je gardais, bien évidemment, les mains basses et décontractais la bouche. C'était dans ce magnifique petit galop que je commençais ma serpentine. Comme toujours, la première boucle ne fut pas compliquée mais, dans la deuxième et les suivantes il fallait être concentrée sur sa monture. Même si c'était simple et que j'en avais déjà fait plusieurs pendant la détente, je savais que pendant les évaluations c'était bien plus dur « grâce » au stress ! Donc, gardant mes aides, et me redressant pour garder la ponette dans son équilibre. Je faisais pareil pour les boucles suivantes on se retrouva en A à main gauche. Je demandais un changement de pied en cette lettre. Après quelques rechignements, Ever Nice changea de pied. Parfait ! Pour une fois que je n'avais pas ce problème... Je me promis de fêter ça plus tard pour rester absolument concentrée. On arrivait en P. En me redressant, je lui fis vers une demi volte. Je fis super attention de tourner sans trop tirer et garder mes hanches en place. Finissant la demi volte, je soufflais un bon coup. Ouf, c'était bientôt fini. Il me restait encore deux petits trucs à faire avant l'arrêt et le salut en X. Quelques foulées dans un bon trot plus tard, je fis repasser la petite welsh au pas. Sans aucune résistance, elle prit le doublé en A et moi, je gardais mes hanches dans le bon axe. Ça y est ! On arrivait en X. Je stoppais la jument alezane, ses crins lavés au vent, et saluais. Enfin fini ! Je soupirai longuement et fit prendre le pas à Ever tout en lâchant les rênes. Je l'emmenais dans un petit coin le temps qu'elle se repose un peu.
Récupération
Je fis marcher Ever quelques minutes pour la détendre car, après un gros effort, je ne pouvais pas la "rangée" au box comme ça. Vu comme elle transpirait, ça aurait été impossible ! J'étais au pas, rênes longues, étriers relâchés. Je continuais de marcher jusqu'à ce que la jument soit bien sèche. Quand elle le fut enfin, je redescendis et remonta les étriers et desserra la sangle. J'entendis Ever prendre enfin une grosse bouffée d'air. Je lui donnais une tape sur l'encolure et lui fis un petit bisou.
Bravo ma belle, tu as été géniale !
Je lui donnais une petite caresse et repris alors les renes et me dirigea vers les deux directrices qui m'attendait calmement. Un chien aboyait, j'ouvris le portail et fis sortir Ever. J'entendais des chevaux hennirent au loin et les écuries étaient pleines à craquer. Une odeur de transpiration vint jusqu'à mes narines. Je cherchais d'où ça venait lorsque, une bonne quinzaine de secondes plus tard, je compris que c'était moi. Je retins un rire et attendit le verdict des directrices. Bientôt, je serais dans la carrière pour mon épreuve de saut.