Pourquoi encore ? [PV Nina]

14h35. Camelia Sophie venait d’entrer dans le salon. Sa petite main ouvrit la porte et elle passa la tête par l’embrasure de la porte. Elle ne connait rien ici mais elle est curieuse. L’envie de visiter ne lui manque pas mais depuis sont arrivée ici, les émotions l’avaient frappé en plein cœur. Déstabilisée, elle avait recherché à rester près de sa sœur tout le temps. Sa sœur... Camelia ne sait même pas ce que ça veut dire. Tout ce qu’elle sait, c’est que c’est une personne qu’elle connait. C’est un point d’ancrage, c’est rassurant pour elle. Mais là, elle a échappé au contrôle d’Elena et est parti en courant.
Maintenant, c’est au salon que l’enfant a décidé d’assouvir son envie de découverte. Elle s’assoit sur le canapé, regard plongé dans le vide. Elle regarde quelque chose que nul ne peut voir pourtant, elle, elle le voit bien ! Et elle attend gentiment. Elle ne sait pas vraiment quoi mais en ce moment, Camelia a besoin de prendre de nouveaux repères, c’est important pour un enfant autiste les repères. Et là, elle n’en a plus...

Quelqu’un entra dans le salon. Camelia n’y prêta pas attention, le regard perdu dans le vide. Les autres, elle ne les voyait pas. Camelia Sophie était dans son propre monde. Malgré les nombreux progrès effectués depuis son entrée à l’institut, l’arrivée à RSA pouvait tout remettre en cause. Pour l’instant, l’enfant semblait régresser, incapable de s’intégrer aux habitants du domaine.
Une jeune s’approcha d’elle, souriante. Elle se mit à la hauteur de la fillette et lui parla. Camelia plongea son regard vert dans le sien sans vraiment la voir. Ses yeux s’éclairèrent en entendant le nom d’Elena.
Elle murmura le nom de sa sœur en tendant un doigt vers le visage de la nouvelle venue.
« Elena, pas toi ! »
Elle donna un petite tape sur la joue de l’inconnue, furieuse. Camelia ne comprenait pas. Elle ne comprenait pas pourquoi elle avait prononcé le prénom d’Elena car elle ne reconnaissait pas son visage. Focalisée sur le seul nom connu, l’enfant n’avait pas prêté attention aux autres paroles.

La question ! Elle la connaissait. Combien de fois son éducatrice lui avait répété qui si quelqu’un lui demandait « tu es qui » ou « comment tu t’appelles », elle doit répondre son nom. Camelia se sentit d’un coup rassurée par ce repère connu. Elle fixa la jeune femme et répondit studieusement :
« Je suis Camelia. »
Et elle avait compris. La dame, c’était Nina. Pas difficile à retenir ce nom. Doucement, l’enfant sortit de son petit monde et son regard se fit à nouveau présent. Il y avait quelqu’un en face d’elle. Quelqu’un qui avait envahit son espace et sa tranquillité. Elle fronça les sourcils en penchant la tête, soucieuse. Son esprit fonctionnait à toute vitesse dans l’espoir de savoir quelle attitude adopter. La fillette savait que son éducatrice lui aurait dit de parler. Camelia avait conscience de ne pas être comme tout le monde seulement, elle ne savais pas COMMENT être comme tout le monde.